Le réchauffement climatique passe à table                                                       

Cynthia Rosenzweig a remporté le prix mondial de l’alimentation 2022. Depuis plusieurs années, cette chercheuse de la NASA s’intéressait aux interactions entre la crise climatique et la production alimentaire.

C’est un prix peu médiatisé, pourtant créé par le prix Nobel de la paix 1970, l’agronome américain Norman Borlaug. Son objectif : récompenser toutes les contributions destinées à améliorer l’alimentation mondiale, et ce dans tous les domaines. Cette année, le prix est revenu à l’Américaine Cynthia Rosenzweig pour ses travaux sur les conséquences de notre assiette sur le réchauffement de la planète. Pour elle, un seul mot d’ordre : changer notre alimentation pour lutter contre la crise climatique.

Des conséquences extrêmes sur l’alimentation

Mai 2022. Alors qu’en France, le thermomètre ne cesse de monter, l’ONU alerte sur la situation en Éthiopie. La région de la corne africaine vit actuellement sa pire sécheresse jamais vécue, menaçant de famine plus de 20 millions de personnes. Si la sécheresse va progressivement toucher le globe tout entier, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus menacé par cette situation. Cet exemple illustre parfaitement les recherches menées par Cynthia Rosenzweig : en changeant le cycle de l’eau dans un certain nombre de régions agricoles, le réchauffement climatique ne cesse de réduire la production alimentaire. D’après ses modélisations, d’ici 2030, la production agricole en Afrique pourrait chuter de 20 à 40%… voire plus.

Cela sans compter sur les baisses de rendement : plus la température est élevée, plus les cultures poussent vite, moins elles ont de temps pour produire des grains. Un cas qui se multiplie en même temps que les événements extrêmes, notamment les canicules.

Revoir nos moyens de production…

Le Prix mondial de l’alimentation a particulièrement retenu un projet phare de la chercheuse : le projet d’intercomparaison et d’amélioration des modèles agricoles (AgMIP). Cette organisation attire des scientifiques du monde entier, de disciplines variées, pour faire progresser les méthodes d’amélioration des prévisions de la performance future des systèmes agricoles et alimentaires à mesure que le climat mondial évolue.

D’après les travaux de Rosenzweig, les systèmes agroalimentaires mondiaux créent près d’un tiers du total mondial des gaz à effet de serre émis par l’activité humaine. Elle pointe notamment du doigt le défrichement des forêts opéré pour les terres agricoles qui libère du dioxyde de carbone, le labour des champs qui oxyde le carbone, le méthane libéré par le bétail ou encore l’utilisation d’engrais qui lâche de l’oxyde nitreux dans l’atmosphère. Face à ces constats, AgMIP a développé de nombreux programmes d’adaptation. Ceux-ci incluent par exemple l’utilisation de semences plus résistantes à la sécheresse, de meilleures pratiques de gestion de l’eau, avec par exemple l’irrigation au goutte-à-goutte… Au Bangladesh, le groupe travaille avec des riziculteurs pour développer de nouvelles pratiques de gestion des rizières afin de réduire la libération importante de méthane produit par le processus existant.

Et notre alimentation

Dans des parties du monde, un certain nombre de personnes n’ont pas le choix en matière d’alimentation. C’est donc principalement en Occident, dans les pays développés, que nos habitudes doivent se transformer, en diminuant par exemple notre consommation de viande et de lait, dont les émissions liées à l’élevage sont élevées. À titre d’exemple, il faut 15 000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf, 6 000 litres par kilo de porc, 4 000 par kilo de poulet. À l’inverse, il suffit en moyenne d’1 600 litres pour un kilo de céréales.

Enfin, il est primordial selon la chercheuse de réduire le gaspillage alimentaire : dans le monde, environ un tiers de la nourriture produite est perdue ou gâchée.

Plus de 160 millions de personnes dans le monde ont connu l’insécurité alimentaire en 2021, une augmentation de 19 % par rapport à l’année précédente. Une conséquence directe du réchauffement climatique. Une chose est sûre : pour assurer la sécurité alimentaire du plus grand nombre et diminuer les effets du changement climatique, notre système alimentaire doit aujourd’hui être transformé.

Nos propositions pour améliorer notre alimentation

  • Développer un Plan Protéines Végétales Européen : pour lutter contre la déforestation importée et diminuer la part carnée des régimes alimentaires européens. La proposition complète ici
  • Instaurer des Agences de l’alimentation sur l’ensemble du territoire national : pour structurer la gouvernance alimentaire française. La proposition complète ici
  • Inscrire le droit à l’alimentation durable dans le droit français : pour mettre en conformité le droit français avec les engagements internationaux de la France. La proposition complète ici
  • Instaurer une Sécurité sociale de l’alimentation : pour promouvoir une véritable solidarité alimentaire. La proposition complète ici
  • Instaurer un Service National pour une Agriculture Durable (SNAD) : pour sensibiliser à la production et à l’alimentation durables. La proposition complète ici

Pour découvrir l’ensemble de nos propositions Agriculture et Alimentation, par ici !

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