Temps de lecture
2 min
Statut de la proposition
Publiée
Date de création
14/03/2021

Instaurer un nouveau label d’Aire Marine Protégée à gestion Éducative et Locale (AMPEL)

Pour améliorer l’efficacité des Aires Marines Protégées

Pourquoi ?

Les aires marines protégées (AMP) représentent un outil efficace pour reconstruire la résilience des écosystèmes côtiers et marins ainsi que le stock de ressources halieutiques. Cependant, avec seulement 2,5% d’entre elles en protection forte, il apparaît primordial que leur efficacité soit renforcée1. L’espace maritime d’Outre-mer français recouvre 10% des récifs coralliens mondiaux2, et 97% des AMP françaises se trouvent en outre-mer. De manière générale, les AMP sont souvent gérées au niveau national et se déclinent peu à l’échelle de la population locale. Celle-ci n’est pas suffisamment informée ni intégrée dans les processus de décision et de gestion des AMP et l’outil de « gestion concertée »3 reste encore trop peu utilisé. De plus, la Convention sur la Diversité Biologique (article 8( j)) dispose que la France « respecte, préserve et maintient les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales (…) et en favorise l’application sur une plus grande échelle »4.

Nous proposons de créer un nouveau label d’Aire Marine Protégée à gestion Éducative et Locale (AMPEL). Ce label permettrait de renforcer la gouvernance des AMP par les populations autochtones et locales5 et de sensibiliser le grand public à leur préservation à travers les « sciences participatives »6. Cette mesure s’inspire du succès des Aires Marines Éducatives (AME) qui permettent la sensibilisation de la jeunesse locale à la sauvegarde de leur littoral. Une gestion locale, éducative et citoyenne des AMP permettrait d’en assurer un meilleur suivi et de favoriser les comportements respectueux en tissant du lien social autour de projets communs. Ceci allégerait les besoins en surveillance des parcs, développerait l’économie locale tout en assurant une meilleure préservation des milieux marins. L’objectif principal de cette mesure est donc d’améliorer l’efficacité et la durabilité des Aires Marines Protégées.

Comment ?

Le label d’AMPEL pourra être octroyé aux AMP actuelles qui respecteront les mesures ci-dessous :

  • Instaurer une gestion communautaire et éducative ou une co-gestion, entre les acteurs locaux ou autochtones et les acteurs étatiques7. La communauté locale est placée au coeur de la gestion des ressources et les AMP sont mieux intégrées au contexte local. Cette nouvelle méthode de gestion devra reposer sur :

    – La formation d’un conseil de gestion composé majoritairement d’acteurs locaux. Il déterminera les décisions affectant la gestion du parc et de ses ressources ainsi que le plan de gestion.
    – La diversification de l’équipe du parc chargée des activités pour qu’elle intègre des citoyens volontaires, des acteurs locaux ainsi que des écoles.
    – L’intégration des savoirs et pratiques traditionnels dans chaque dimension des AMPEL : la gestion et les suivis duparc, la transmission des connaissances scientifiques ainsi que la mise en place des sciences participatives7 .
  • Engager les acteurs étatiques à assurer les moyens humains et financiers de ces AMPEL, actuellement bien tropfaibles pour que les objectifs gouvernementaux soient réalisés8.

Sources

(1) Marine Conservation Institute. (2020). MPAtlas.
URL:http://mpatlas.org/

(2) Office National de la Biodiversité. (N.D.) Contexte global – Les aires marines protégées – Agence française pour la biodiversité.
URL:http://www.aires-marines.fr/Les-aires-marines-protegees/Contexte-global.

(3) Office National de la Biodiversité. (2019). Parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie – Catégories d’aires marines protégées – Les aires marines protégées – Agence française pour la biodiversité.
URL:http://www.aires-marines. fr/Les-aires-marines-protegees/Categories-d-aires-marines-protegees/Parc-naturel-de-la-mer-de-Corail-en-Nouvelle- Caledonie

(4) Nations Unis. (1992). Convention sur la Diversité Biologique, SGNU. art. 8(j).
URL:https://www.cbd.int/doc/legal/cbd-fr.pdf

(5) Nursey-Bray, Melissa & Jacobson, Chris. (2014). Which way?: The Contribution of Indigenous marine governance. Australian Journal of Maritime and Ocean Affairs. 6. 27 – 40. DOI:10.1080/18366503.2014.888136.

(6) François Houllier. (2016). Les sciences participatives en France. États des lieux, bonnes pratiques et recommandations. URL:https://inra-dam-front-resources-cdn.brainsonic.com/ressources/afile/320323-7bb62-resource-rapport-de-la-mission-sciences-participatives-fevrier-2016.html

(7) Natalie C. Ban et Alejandro Frid. (2018). Indigenous Peoples’ Rights and Marine Protected Areas », Marine Policy 87: 180-85, DOI:https://doi.org/10.1016/j.marpol.2017.10.020.

(8) Gill, David A., Michael B. Mascia, Gabby N. Ahmadia, Louise Glew, Sarah E. Lester, Megan Barnes, Ian Craigie, et al. (March 2017). Capacity Shortfalls Hinder the Performance of Marine Protected Areas Globally. Nature 543, no. 7647: 665–69. DOI:https://doi.org/10.1038/nature21708.

Les auteur.e.s

Sarah BATELIER
Après une double licence en sciences de la vie et en droit avec laquelle elle est partie en échange un an à l'Université de Sydney, Sarah s'est lancée dans un double Master en sciences et politiques de l'environnement à Sciences Po et la Sorbonne. Elle réalise actuellement un stage à l'UMS-Patrinat sur la séquence Eviter-Réduire-Compenser et la résilience des systèmes socio-écologiques. En dehors du travail, Sarah se consacre à la musique (chorale acapella, violoncelle et piano).
Vous pouvez swiper sur la droite pour voir les autres auteur·trices
Vous pouvez swiper sur la droite pour voir la proposition suivante.