Temps de lecture
3 min
Statut de la proposition
Publiée
Date de création
14/03/2021

Instaurer un Service National pour l’Agriculture Durable (SNAD)

Pour sensibiliser à la production et à l'alimentation durables

Pourquoi ?

L’appel du Ministre de l’Agriculture à « la grande armée de l’agriculture française »  est révélateur du manque de personnes volontaires et compétentes dans le secteur agricole en France. Or, cette carence en main d’oeuvre agricole est directement liée à la faible attractivité du métier d’agriculteur.trice. Ce constat est d’autant plus clair que, dans de nombreuses régions, les terrains de fermes ne trouvent plus de repreneurs et sont souvent rachetés pour agrandir des exploitations déjà existantes. La crise du Covid-19 pose dès lors deux questions majeures. Conjoncturellement, comment mobiliser la population pour soutenir la production française en contexte de crise ? Ensuite, structurellement, comment rendre plus attractif le secteur professionnel agricole favorisant des modes de production durables ? Pour y répondre, nous proposons la création d’un Service National pour une Agriculture Durable (SNAD), complément au Service National Universel1. Le SNU entend proposer « une aventure inclusive et universelle pour donner aux jeunes les clés de leur avenir commun  ». Or, en intégrant à part entière l’agriculture et l’alimentation dans son contenu, le SNU sera davantage en prise avec les enjeux actuels et futurs auxquels il convient de préparer les jeunes.

Le SNAD constituerait tout d’abord un outil de revalorisation du secteur agricole. Par l’immersion, il donnerait aux jeunes la possibilité de découvrir un métier et ainsi de susciter chez eux des vocations. Il contribuerait à remettre le lien avec les agriculteur.trice.s au coeur des consciences des Français, en permettant de mieux percevoir leur utilité sociale. Le SNAD serait également un levier de sensibilisation à la production et à l’alimentation durables. Grâce à l’acquisition de connaissances agronomiques de base, l’expérience de la complexité du travail agricole et des processus naturels, les jeunes devraient être en mesure de mieux comprendre ce qu’ils retrouvent dans leurs assiettes. Ils pourraient ainsi percevoir l’importance de produire les aliments dans un plus grand respect de la Terre et du vivant. Enfin, le SNAD offrirait une réponse pragmatique aux prochaines crises en rendant le secteur agricole français plus résilient. Par la formation aux pratiques agricoles durables, il serait un moyen pour mobiliser les citoyens volontaires et compétents lors des prochaines crises et ainsi assurer la production et l’approvisionnement alimentaire sur le territoire français.

Comment ?

 Le SNAD pourra prendre deux formes :

• Pour les 15-17 ans, il s’agirait d’une expérience obligatoire,  grâce à l’intégration de la thématique « Agriculture et élevage durables » aux missions d’intérêt général, et des exploitations agricoles parmi les établissements d’accueil du SNU. Celles-ci seraient sélectionnées sur la base du respect d’un cahier des charges des pratiques d’agriculture durables, qui pourrait s’inspirer des travaux des réseaux CIVAM et Agriculture Durable2. Cette première formule viserait à faire découvrir aux jeunes le milieu agricole en prêtant main forte aux producteurs locaux, leur permettant de bénéficier d’une courte formation aux pratiques agricoles durables.

• Pour les 18-30 ans, le SNAD off rirait la possibilité de s’engager pour un service prolongé  permettant d’obtenir un certificat d’aptitude au travail agricole. Il serait composé d’une formation plus approfondie en agriculture durable, dispensée en amont par les établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPLEFPA), suivie d’une expérience de 2 à 3 mois  dans une exploitation appliquant ces pratiques. Cette expérience pourrait ainsi faire l’objet d’une validation d’acquis éligible au Compte Personnel de Formation. Elle serait également valorisable académiquement par le biais d’une équivalence pour une partie des enseignements dispensés dans les formations agricoles professionnelles, destinée aux jeunes souhaitant s’orienter dans cette voie. Enfin, ce deuxième volet permettrait aux jeunes de développer des compétences en lien avec l’enjeu de la gestion durable des sols et d’être appelés auprès des agriculteur.trice.s en cas de crise.

Sources

(1) Gouvernement Français. (2020). Service National Universel.
URL:https://www.snu.gouv.fr/

(2) Réseau Agriculture Durable. La collection « cahiers techniques de l’agriculture durable ».
URL:http://www.agriculture-durable.org/ressources/les-cahiers-techniques/?fbclid=IwAR2G7epliN1g5u03v33dWMGqFjlJISk3WiIlAateZ934GhDQazFZWwIB_VA

Les auteur.e.s

Juliette LEBOURG
Juliette est diplômée du Master Environmental Policy de SciencesPo et est actuellement chargée de concertation au Conseil National de l’Alimentation. Elle est passionnée par les enjeux liés à la transition du système agricole et alimentaire.
Charlotte PETER
Formée en Environmental Policy, Charlotte travaille désormais au développement de projets d'agriculture régénérative et agroforesterie chez PUR Projet. Elle est éprise de grand air à tendance saltimbanque, marcher et danser est son deuxième métier.
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