Orienter les citoyens et les villes vers une consommation d’énergie responsable

Pourquoi ?

La crise du Covid-19 a révélé que d’autres modes de consommation sont possibles et souhaitables. Cependant, la maîtrise de la demande énergétique pour atteindre la neutralité carbone ne peut pas uniquement reposer sur l’amélioration de l’efficacité énergétique qui s’accompagne souvent d’un « effet rebond »¹. La sobriété énergétique, via le changement des comportements individuels et collectifs, est identifiée comme un facteur clé pour construire une société plus résiliente aux risques environnementaux. Alors que la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) tend à promouvoir la sobriété principalement à travers la responsabilisation des individus, les choix politiques et collectifs ne doivent pas être négligés pour orienter la société vers des modes de fonctionnement plus sobres. Le potentiel de réduction des consommations énergétiques est important puisque la seule consommation d’énergie dans les secteurs résidentiel et tertiaire représente 46% de la consommation finale d’énergie en France². De plus, la méfiance de nombreux Français vis-à-vis du prélèvement de leurs données individuelles de consommation énergétique mérite d’être considérée.

Nous proposons d’encourager la maîtrise de la demande au niveau des usagers individuels et des villes via deux leviers : des compteurs intelligents comme outils au service de la sobriété énergétique individuelle et un label national de « Ville à Haute Performance Energétique » (HPE) pour une sensibilisation collective. Agir aux niveaux individuel et collectif permettra de mieux engager la France dans la maîtrise de sa demande énergétique. Cela aura aussi pour mérite de favoriser l’intégration des énergies renouvelables au mix électrique, de contribuer à la neutralité carbone, ainsi que de réduire les factures énergétiques des particuliers et des villes.

Comment ?

• Lancer une campagne nationale d’information sur l’utilité et la sécurité du partage des données individuelles de consommation énergétique. En effet, les Français se montrent méfiants à l’idée de communiquer leurs informations de consommation et sur les moyens employés pour les récolter. Cette campagne d’information pourra se faire via des spots télévisés, des messages radios ou les réseaux sociaux. L’accent devra être mis sur les opportunités de réduction des coûts de consommation. L’ajustement de cette consommation aux horaires de haute production électrique permettra d’intégrer davantage les énergies renouvelables au réseau électrique français et ainsi de pérenniser les efforts de neutralité carbone du parc énergétique français.
  
• Traduire les données de consommation en euros. Les compteurs intelligents commercialisés par Enedis permettent à l’usager de suivre sa consommation en kWh, une information qui peut être difficile à comprendre. Reporter ces données en euros permettra aux usagers de se les approprier et encouragera des comportements de réduction de consommation.
  
• Créer un label national « Ville à Haute Performance Energétique » (HPE) sur la maîtrise de la demande des communes. Sur le modèle du label « Ville Fleurie », des panneaux à l’entrée des villes indiqueront la performance de la commune sur une échelle de 1 à 5 en matière d’efficacité et de sobriété énergétique. L’évaluation sera faite sur la base de critères définis par une commission d’experts indépendants qui tiendra compte de la taille et de l’environnement de la ville. Les critères d’obtention du label devront inclure l’efficacité et la sobriété énergétique des villes ainsi que l’évolution des résultats obtenus d’une année à l’autre. À titre d’exemple, la consommation énergétique par mètre carré des bâtiments pourra faire partie des critères qui seront évalués tous les ans. La participation sera volontaire et l’émulation entre les villes sera ainsi favorisée, incitant tout l’écosystème collectif citadin à maîtriser sa demande énergétique.